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L’Allemagne vise à limiter l’immigration irrégulière tout en attirant des travailleurs qualifiés de l’étranger. La ministre allemande du Développement, Mme Schulze, tente cela au Maroc. Un exercice délicat avec pour objectif « recruter plutôt que dissuader », rapporte BR24.
Ce n’est pas seulement le soleil qui brille à Rabat, la capitale du Maroc : les yeux des jeunes du Goethe-Institut rayonnent également. Parmi eux, Anwar, âgée de 25 ans. Infirmière diplômée, elle a un objectif clair : « Je veux travailler en Allemagne. »
Jeunes Marocains : Le rêve de l’Allemagne Pourquoi l’Allemagne est-elle un pays attractif ? Anwar et les autres jeunes estiment que, contrairement au Maroc, l’Allemagne offre des opportunités d’avancement, des formations continues, une économie solide, et surtout un salaire sûr.
Au Maroc, ils ne voient pas de perspectives : le taux de chômage des 15-24 ans est de plus de 30 % (en Allemagne : 4,9 %). Bien qu’ils soient bien formés, avec des diplômes en poche et des qualifications, le marché est saturé, et il manque des emplois dans le pays.
Des centaines de milliers de travailleurs qualifiés manquent en Allemagne En Allemagne, la situation est exactement inverse : la relève est rare, le vieillissement démographique se fait sentir. Selon une étude de l’Institut de l’économie allemande, il manquait récemment 630 000 travailleurs – soit plus que la population de Nuremberg. De plus en plus de secteurs, même en Bavière, misent sur des apprentis marocains, que ce soit dans le secteur de la construction ou dans les cliniques.
Nouvelle approche : la « pré-intégration » dans les pays d’origine C’est pourquoi la ministre allemande du Développement, Svenja Schulze (SPD), est en mission au Maroc : « Nous recherchons des travailleurs, nous recherchons des professionnels qualifiés. » Schulze est en tournée promotionnelle : au Goethe-Institut de Rabat, elle visite le cours d’allemand et d’intégration. Les jeunes y apprennent non seulement la langue, mais aussi la culture allemande – ils se préparent à la vie quotidienne.
Schulze appelle cela la « pré-intégration » et précise : c’est la stratégie de l’Allemagne. « Plus les intéressés se familiarisent avec l’Allemagne et la langue allemande avant le déménagement, plus grandes sont les chances d’une intégration réussie. » L’Allemagne vise à réduire la migration irrégulière et à promouvoir les migrations légales de travailleurs.
Migration : Le pouvoir du Maroc Le ministre marocain du Travail, Younes Sekkouri, n’utilise pas le mot « migration » – il parle plutôt de « mobilité internationale ». Il donne le ton : le Maroc souhaite être reconnu comme un partenaire à part entière. Le pays d’Afrique du Nord est conscient de son influence en matière de politique migratoire : le Maroc n’est pas seulement le pays d’origine des migrants, mais il est également considéré comme la porte de l’Europe, devenant ainsi lui-même un pays d’immigration et de transit.
La ministre du Développement, Schulze : recruter plutôt que dissuader La politicienne du SPD, Schulze, en est consciente. La mission est donc un exercice diplomatique délicat – le sujet délicat des expulsions n’est pas mentionné publiquement. Pour la ministre du Développement, la devise est : recruter plutôt que dissuader.
Schulze aborde la recherche de Correctiv devant la population marocaine et cherche à apaiser les craintes de racisme : « Nous ne laissons pas de place aux ennemis de la démocratie en Allemagne, nous avons besoin des Marocaines et des Marocains qui travaillent chez nous. Ils font partie de notre société. »
Gagnant-gagnant : professionnels qualifiés pour l’Allemagne, argent pour le Maroc ? Le ministre marocain du Travail remercie, semble satisfait. Si l’Allemagne gagne des professionnels qualifiés, le Maroc en profite également : les transferts de fonds – c’est-à-dire l’argent que les migrants reçoivent en Allemagne et envoient à leur famille dans leur pays d’origine – représentent huit pour cent du produit intérieur brut au Maroc.
À Rabat, Schulze et Sekkouri ouvrent ensemble un centre pour le développement et la migration : il doit être un point de contact pour les professionnels marocains – parmi eux, des jeunes qui ont déjà des contrats de travail à Nuremberg en Bavière. Ces centres sont également des endroits d’aide au nouveau départ dans le pays d’origine pour les Marocains expulsés d’Allemagne.
Partenariat migratoire entre l’Allemagne et le Maroc Et puis, le sujet des expulsions est abordé : Joachim Stamp (FDP), le délégué du gouvernement pour les accords de migration, a conclu un partenariat migratoire avec le Maroc : pour attirer des travailleurs, mais aussi pour expulser de manière conséquente.
Cependant, il est difficile de dire quelle sera l’ampleur des retours. Sur un peu plus de 350 000 demandeurs d’asile l’année dernière, seulement un peu moins de 1 900 venaient du Maroc. Pendant cette période, il y a eu 272 expulsions de ressortissants marocains, selon le ministère fédéral de l’Intérieur. Dans le débat sur le renvoi des demandeurs d’asile déboutés, le Maroc joue donc un rôle relativement mineur.
Délégué à la migration : « Développer des partenariats pour réguler la migration » Pour Stamp, c’est néanmoins un début : « D’autres pays vont suivre maintenant. Mais cela se fera toujours petit à petit et prendra du temps. Nous devons développer des partenariats à long terme avec de nombreux pays si nous voulons réguler la migration de manière raisonnable. » L’Allemagne a encore beaucoup de travail devant elle.
La ministre du Développement, Schulze, est en tout cas satisfaite de sa mission au Maroc. Elle voulait envoyer un signal : « Celui qui veut travailler chez nous peut trouver d’autres moyens de venir – il n’est pas obligé de passer par une demande d’asile s’il n’en veut pas. » Pour elle, une chose est certaine : l’Allemagne peut également organiser une immigration légale de professionnels qualifiés.
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