Sur la question du Sahara occidental, pays dont Madrid a raté la décolonisation, Mme Trinidad Jiménez, la ministre des Affaires étrangères d’Espagne, s’avère plus insaisissable que son prédécesseur Miguel Angel Moratinos. «Juridiquement, le Maroc n’est pas une puissance occupante du Sahara occidental, mais exerce un contrôle de facto suite à l’accord de Madrid où l’Espagne a abandonné la colonie en 1975.» L’accord de Madrid de triste mémoire est en fait un contrat de type mafieux qui voyait, pour la première fois au monde, une puissance coloniale classique rétrocéder un territoire à deux colonisateurs stagiaires du tiers monde, plus expansionnistes l’un que l’autre.
Madrid ne vendait pas que le seul territoire, elle livrait les populations sahraouies avec. Celles de la Seguia El Hamra furent données au Maroc, celles de Wad Edhahab à la Mauritanie. Au nom de quoi ? On n’en sait rien jusqu’à ce jour. Ce que l’on sait en revanche, c’est que «fakid echayë lâa youe’tihe (celui qui ne possède pas la chose ne peut la donner)», comme on sait aussi qu’un bonne partie du peuple espagnol et du Tercio s’inscrivent contre la trahison madrilène.
Mais que vaut aujourd’hui le contrat tripartite alors que 35 ans après, le territoire n’est toujours pas décolonisé, que sur le terrain les partenaires mauritanien et espagnol n’existent plus physiquement et qu’il y a juste un roi qui mime l’allié sioniste, dit que le Sahara occidental, c’est sa terre promise et qu’il n’en cédera pas un pouce ? Mme Jiménez, qui se fait moins flagrante dans l’appui espagnol au trône, arrondit de son mieux les angles pour nous dire en quelque sorte qu’au Sahara occidental, la présence marocaine n’est pas illégitime et les dépassements critiqués par le PE ne sont finalement qu’une intervention policière un peu musclée contre des populations qui ont tort de se considérer comme des colonisés et qui devraient imposer leur droit au baisemain et à la marocanité.
Jiménez ondulerait mieux que Moratinos ? Salem Ould Salek, l’homologue sahraoui de Jiménez, nous dit tout simplement qu’au Sahara occidental, l’Espagne est «la puissance administrante» et le Maroc «la puissance occupante». N’est-ce pas que ça sonne plus vrai… juridiquement ? M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 28/11/2010
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