– Le Maroc est un pays sûr pour le monde occidental, encadré par les États-unis et la France
– Les lois « sécuritaires » pour satisfaire et rassurer les touristes
– Le « Maroc démocratique et heureux » vendu par les lobbies
– Le Maroc : relais pour la CIA avec « délocalisation » de la torture
– Relais de l’Europe forteresse : « chasse à l’homme », camp de regroupement
A la suite des attentats islamistes commis à Casablanca en mai 2003, les États-unis font pression sur le Maroc pour qu’il continue, voire accélère le processus démocratique initié au début du règne, mais aussi pour qu’il prenne en même temps sa place dans le nouvel ordre antiterroriste sous la houlette des États-unis engagés dans la « guerre » contre le terrorisme islamiste. Le Maroc avait déjà donné des gages de bonne collaboration en acceptant que les avions de la CIA déposent sur son sol, pour des interrogatoires musclés, des prisonniers étrangers suspectés de terrorisme.
Le Maroc ayant adopté des lois « sécuritaires » dans les semaines qui ont suivi les attentats, peut également être inclus dans le projet américain du « Grand Moyen Orient démocratique » qui comprend le Maghreb.
L’attentat de Madrid en mars 2004, où sont impliqués plusieurs Marocains, contribue à resserrer les liens entre Espagne et Maroc. La coopération policière fonctionne également pour la traque aux migrants clandestins avec, côté marocain, une brutalité dénoncée par de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme. Dans le cadre de l’Europe forteresse, des camps ont été installés aux frontières du Maroc.
Aujourd’hui, malgré un lobbying effectué dans les ambassades en faveur du projet marocain d’autonomie du Sahara, la question n’est toujours pas réglée, le Maroc et l’Algérie continuent à camper pour l’essentiel sur leurs anciennes positions et se trouvent également en compétition dans leurs relations avec le pouvoir français.
Mais si le Maroc dans cette compétition n’a pas l’atout du gaz algérien, il dispose d’autres cartes notamment le soutien des grands patrons français, amis de N. Sarkozy, dont les entreprises sont toujours implantées au Maroc (Bouygues, Accor, Dassault…) qui entretiennent des liens assurant la pérennité des relations traditionnelles France-Maroc. En outre, les réunions de travail régulières des années passées entre les sécuritaires marocains et le ministre français de l’intérieur N. Sarkozy ont conforté une bonne entente. Devenu président, ce dernier a mis en place une nouvelle cellule « Maroc » dont Brice Hortefeux, anciennement Consul de France au Maroc, et Rachida Dati constituent les piliers. Le Maroc, aujourd’hui comme sous Hassan II, peut compter sur un lobby d’artistes, de journalistes, de patrons de presse, qui continuera à diffuser à l’étranger une image d’un Maroc des mille et une nuits.
Enfin, le dernier rebondissement de la diplomatie marocaine est provoqué par la nouvelle du projet américain de mettre en place un Commandement Militaire Unifié pour l’Afrique (Africom). Voulu par G. Bush, Africom devrait constituer le rempart contre les groupes terroristes qui commencent à inquiéter les intérêts américains dans le continent africain. Les responsables militaires ont déjà pressenti plusieurs pays pour y installer Africom, ce qui suppose des centaines de soldats et des installations militaires. Certains pays, tels l’Algérie et l’Afrique du Sud, ont refusé catégoriquement alors que, selon des sources américaines, le Maroc se serait porté volontaire contre un soutien au plan marocain pour le Sahara. Mais il est encore trop tôt pour discerner les orientations du nouveau président des États-Unis.
© Ritimo, CIIP, avril 2009
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