Sarkozy félicita Zapatero deux jours avant de critiquer le payement de rançons.
Paris a négocié depuis les années 80 pour ses citoyens kidnappés.
IGNACIO CEMBRERO, 27/08/2010
Il est probable que même les deux premiers ministres britanniques, Gordon Brown et David Cameron, leaders du pays le plus inflexible face au terrorisme, puisse jeter la première pierre sur le gouvernement espangol pour avoir payé à Al Qaida une rançon en millions pour la libération, lundi, de Roque Pascual et Albert Vilalta.
Sous prétexte qu’il était malade en phase terminale de cancer auquel il ne restait que quelques semaines de vie, le Royaume Uni livra à la Libye, il y a un an, Abdelbassit Almeghrahi, le terroriste qui dynamita, en décembre 1988, un avion de la Pan Am qui survolait l’Ecosse. Ses 270 passagers ont péri. C’est le plus grand attentat terroriste jamais perpétré en Europe. Al Megrahi est toujours en vie.
Pour l’instant, le seul qui a critiqué l’Espagne a été le président Nicolas Sarkozy, mercredi, devant les ambassadeurs de France dans le monde. « La seule stratégie ne doit pas constituer à payer des rançons et à accepter de libérer des prisonniers en échange de malheureux innocents » leur a dit 48 heures après la libération des deux otages espagnols. Deux jours avant, Sarkozy avait, cependant, envoyé, à l’occasion, une lettre de félicitations à José Luis Rodriguez Zapatero.
Depuis le début des années 80, dans lesquels elle a été victime d’une vague d’attentats au Liban, jusqu’à février dernier au Mali, la France a payé pour la liberté de ses citoyens. Au Sahel, toutes les puissances sont passées par le « guichet » d’Al Qaida, et certaines à plusieurs reprises, comme l’Allemagne et l’Autriche. L’exception est le Royaume Uni qui refusa de négocier et c’est la raison pour laquelle Edwin Dyer a été assassiné en mai 2009.
Pire encore. En plus de payer la rancçon, le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, obligea le Mali à libérer en février, en échange de la libération de l’otage Pierre Camatte, quatre teroristes, parmi eux un algérien et un mauritanien. L’Algérie et la Mauritanie avaient appelé leurs ambassadeurs à Bamako pour consultation. L’Espagne n’a fait de pression que pour la libération d’un délinquant, Omar Sahraoui, qui n’est même pas membre d’Al Qaida, même s’il l’a aidée.
La seule différence entre laFrance et les autres pays d’Europe continentale est qu’elle a, souvent, essayé de retourner le coup aux terroristes. Elle l’a déjà fait au Liban, en bombardant, en 1984, une caserne du Hezoballoh dans la vallée de le Bekaa y, la dernière fois, en avril 2008, lorsque ses commandos ont tué trois pirates somaliens et ont capturé une autre demi-douzaine des auteurs de la sé&questration d’un yacht de plaisance français.
Le raid réalisé par la France avec la Mauritanie, le 22 juillet contre Al Qaida au nord du Mali ne l’a pas fait en représaille, mais pour essayer de libérer l’otage Michel Germaneau. L’opération a été, selon Sarkozy avant-hier, un « tournant majeur » dans la lutte antiterroriste.
Bien sûr, il n’a pas atteint son objectif déclaré -Germaneau a été assassiné le 24 juillet- et, entre-temps, il a mis en danger la vie des deux espagnols. Seulement sept terroristes ont été tués, sue un total de 400 qui pullulent au Sahel, et parmi eux Abdelhamid Abu Zeid, le meneur supposé détenir l’otage français de 78 ans.
Al Qaida s’est réorganisée dans la zone pour esquiver un éventuel deuxième attaque de la France. Elle est plus que jamais décidée à enlever des français et c’est la raison pour laquelle Paris a été obligée d’ordonner, le 16 août, l’évacuation d’une zone remote de Bourkina Fasso considérée, jusqu’à présent, comme sûre.
Le malaise des autorités algériennes face au payement de rançons, mis en évidence par sa presse, est plus compréhensible que le français. Ils accusent l’Espagne et autres payeurs « d’alimenter la bête » pour qu’elle continue à tuer.
Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
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